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Deux solutions de dernier recours en cas d’infestation d’adventices

Réalisé début juin, le passage d’une écimeuse (prestation de la CABC par exemple) permet d’éliminer suffisamment d’adventices dans la parcelle infestée.

En cas de pression très importante de mauvaises herbes, l’écimage et l’ensilage de céréales immatures sont deux bons leviers pour limiter le retour des graines au sol.

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Les céréales très infestées au printemps par des mauvaises herbes, comme le vulpin ou le ray-grass, peuvent présenter de sévères pertes de rendement. Plusieurs stratégies de la dernière chance sont envisageables pour éviter le réensemencement de la parcelle par les graines d’adventices matures qui peut compromettre les prochaines campagnes.

La première est la technique de l’écimage, qui exploite la différence de hauteur entre la culture et les mauvaises herbes pour couper les inflorescences de ces dernières. Cela empêche la production de graines et leur propagation dans la culture, qui, elle, sera moissonnée plus tard. Cette opération reste toutefois délicate : si l’écimage est réalisé trop tôt, les graminées sont capables de repartir et d’épier dans la culture. S’il intervient trop tard, une partie des graines d’adventices est déjà tombée au sol, limitant l’intérêt du passage.

Écimeuse récupératrice

Simon Vandrisse, d’Agrotransfert, estime qu’un « passage début juin est un bon compromis. Cela permet d’éliminer en moyenne 60 % des graines d’adventices, ces dernières ayant une viabilité en dessous de 10 % au cas où les épis de graminées ne sont pas récupérés. Plus la date d’écimage avance, plus le vulpin a le temps de mûrir, donc plus les graines sont viables, quelle que soit la hauteur d’écimage. » Il tire cette recommandation d’une expérimentation portée par l’Inrae dans le cadre du projet Copraa, mise en place en 2021 sur trois ans dans la Somme, dans l’Eure et en Côte-d’Or.

Pour Simon Vandrisse, l’écimage est une solution relativement abordable. « Elle peut être utilisée comme solution “pompier” mais son efficacité inciterait à une utilisation plus fréquente », estime-t-il. La technique requiert un matériel adapté. Le mieux est de faire appel à une écimeuse récupératrice, qui permet d’exporter les graines hors de la parcelle et de les gérer par exemple en compost pour les dégrader.

Épuiser le stock semencier

La fauche des céréales immatures peut aussi être envisagée pour exporter les graines d’adventices et épuiser le stock semencier. L’ensilage est ensuite valorisé en fourrage ou en méthanisation. La chambre d’agriculture de la Somme a réalisé des essais durant deux ans pour tester les effets de cette technique sur l’évolution du stock de vulpin et ray-grass dans un blé puis une orge d’hiver. Deux modalités ont été étudiées : l’une avec l’ensilage du blé fin mai, l’orge ayant été menée jusqu’au bout ; l’autre avec l’ensilage du blé et de l’orge suivante, en mai.

« Le fait d’avoir ensilé le blé la première année réduit de 40 % le stock grainier par rapport à la référence sans ensilage, indique Mathieu Preudhomme, de la chambre d’agriculture de la Somme. Si on ensile deux années consécutives, la réduction de ce stock atteint 86 %. » Le potentiel méthanogène de ces cultures immatures est de l’ordre de 320 m³ de CH4/tonne de matière sèche. « En revanche, nous ne connaissons pas le devenir des graines exportées. Durant le process de méthanisation, le risque est de ne pas suffisamment stériliser les graines et d’exporter le problème sur les parcelles peu infestées, lors de l’épandage des digestats », exprime le spécialiste.

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